NOÉ et Milim lancent « À ton Âge ? », le podcast qui lie les générations

  • NOÉ et Milim lancent « À ton Âge ? », le podcast qui lie les générations

En partenariat avec le blog studio Milim, le département Jeunesse du FSJU lance une série de podcasts intitulée « À ton âge ? » afin de recréer du dialogue intergénérationnel.

Génération podcast

Galith, Léo, Rose, Eliana, Gad, Sarah, Eyal et tant d’autres ont entre 16 et 25 ans. Ils sont militants dans leurs mouvements de jeunesse (EEIF, JEM, Hachomer Hatzaïr, Moadon, Netzer, Tikvatenou, Yahad, …) et la plupart accomplit une mission de service civique dans leur association grâce à l’agrément que possède le FSJU et que gère le département Jeunesse. « Ils ont tous un point commun et même une passion qui soude cette petite promo : la radio ! », confie Julien Cohen-Solal, référent du projet « À ton Âge ? », au sein du programme NOÉ.

Une initiative qui consiste en la réalisation d’un podcast radiophonique conçu et monté par les jeunes avec le concours des deux co-fondatrices du studiomilim.fr, Élisa Azogui-Burlac et Myriam Levain.

Rencontrées lors d’une master-class plébiscitée par les participants du séminaire Hineni en novembre à Lyon, les deux journalistes qui se sont dédiées à leur entreprise Milim (les mots en hébreu) permettant à celles et ceux qui le souhaitent de transformer le récit de leur vie en livre ou en podcast, ont été retenues pour mener à bien cet accompagnement avec nos graines de reporters.

On leur doit notamment des podcasts natifs sur RCJ qui font parler des personnalités sur leurs origines et héritages séfarades : « La vérité si je mens plus ». Le dessinateur Joann Sfar ou l’autrice Michèle Fitoussi s’y sont déjà succédé dans des récits intimes qui ravissent les auditeurs de la fréquence juive, mais aussi une plus large audience qui retrouve le podcast sur les plateformes Deezer, ITunes, Spotify …

Les réalisatrices ont également à leur actif le podcast du Casip-Cojasor : « À l’écoute » qui raconte les coulisses du pôle social de cette fondation consœur du FSJU, sans oublier « Stay Tunes », le « blog-buster » sur Instagram de Myriam Levain, qui met en avant les visages et les histoires de juifs tunisiens.

« Lorsqu’à l’issue de leur master-class, on leur a demandé si elles étaient partantes pour former nos jeunes à la réalisation d’un podcast qui mette en scène un jeune adulte avec une personne âgée en vue de monter une collection radiophonique de témoignages qui crée, avec complicité, des ponts entre les générations, Elisa et Myriam ont tout de suite été enthousiastes ! », confie Philippe Lévy, directeur du département Jeunesse qui anime lui-même sur RCJ « Le Lunch By NOÉ », l’émission sur l’engagement et sait l’engouement d’une partie de la jeunesse à écouter des podcasts qui fleurissent partout sur les ondes et la toile.

Le phénomène est d’autant plus important auprès de la génération dite Z (les « digital natives ») que certains podcasts, réalisés avec grand professionnalisme, rivalisent avec le visionnage de vidéos sur YouTube ou les réseaux sociaux !  

L’audio bénéficie d’une grande popularité auprès des 15-25 ans, à telle enseigne qu’une étude menée en 2022 par YouGov a révélé que six jeunes Français sur dix consomment des podcasts régulièrement : sujets d’actualité, histoire, divertissement, humour, culture … « Le format les séduit aussi parce qu’il sort des sentiers battus et propose des narratifs qui tranchent avec les programmes maintsream » témoigne Philippe Lévy.

Et il est vrai que pour les plus écoutés, la construction du feuilleton toujours soignée, la scénarisation, l’habillage sonore et l’univers même – les thèmes sont abordés de façon intime et décomplexée sur la sexualité, l’inclusion, les récits de vie jusqu’aux témoignages de personnalités ou d’anonymes…, contribuent à la fidélisation d’auditeurs qui rentrent dans une bulle et se font leur éducation.

À l’image de dizaines de podcasts pour ados qui permettent tout à la fois de s’instruire, de se cultiver et de se divertir de manière ludique, cette nouvelle pratique juvénile augure d’un apprentissage informel qui correspond aux codes et comportements en vogue. « C’est aussi, pour eux, une manière de se sevrer des écrans et d’accéder à du contenu de qualité, référencé et gratuit ! », ajoute Elisa Azogui-Burlac, en phase avec les attentes du groupe constitué par NOÉ pour prendre les manettes de la production du feuilleton « À ton âge ? ».

« À ton Âge » : l’anti-« anti-âgisme »  

Revenons à nos jeunes justement. Ils ont soif de dialogue avec leurs aînés, c’est un fait. « Dans le cadre de leur mobilisation ou leur mission de service civique, ils ont déjà multiplié les rapprochements avec des personnes âgées isolées ou démunies du Réseau Ezra, avec des rescapés de la Shoah suivis par le service Passerelles à travers des visites de courtoisie ou des animations de type Karaoké, Pourim-spiel, … ‘’À ton Âge ?’’ s’est donc imposé à leurs yeux comme un prolongement de leur engagement intergénérationnel », témoigne Débora Dahan, adjointe du département, en charge du tutorat des volontaires en service civique FSJU.

« Place aux vieux, Désinvisibilisons-les ! » s’écrie, avec tendresse et conviction, Léo dans l’atelier de confection inaugural d’’’À ton âge ?’’. Jeune de 16 ans, à l’incroyable maturité, volontaire auprès du mouvement de jeunesse Netzer, et reporter de l’un des 6 épisodes que compte la première saison (disponible sur RCJ et les plateformes de streaming musical), il revendique ce pas vers les Anciens que la société par jeunisme et pseudo catégories markéting enferme ou met à distance.

Les chiffres de prospective lui donnent raison : au milieu du XXIe siècle, dans une société qui ne fait plus d’enfants et où l’espérance de vie s’allonge, la planète abritera 2,1 milliards d’individus d’au moins 60 ans contre « seulement » 2 milliards de personnes âgées de 10 à 24 ans ; et 4 millions de Français de plus de 60 ans ne seront plus autonomes en 2050 (en hausse de 60% par rapport à 2015), prédit une étude de l’Insee.

Cette transition démographique reste pour beaucoup de sociologues, de gérontologues et d’associations qui œuvrent dans le champ du « bien-vieillir » un impensé des politiques publiques.

Cette « société du vieillissement », dans laquelle nous vivrons demain, a été notamment abordée lors d’un GIC thématique sur les personnes âgées, organisé par Fabien Azoulay, DGA Solidarités du FSJU, à Strasbourg les 24 et 25 février. Le podcast « À ton âge ? » a été présenté, entre autres, par Stéphanie Assor-Lardant, directrice déléguée du FSJU Nice Côte d’Azur, membre du comité de pilotage, recueillant des 50 acteurs présents un chaleureux enthousiasme.

Le président des Petits frères des Pauvres, invité à y commenter la campagne choc à l’occasion de la sortie du rapport de l’association quant aux effets du confinement en juin 2020 sur les personnes âgées, a rappelé la mobilisation autour du mouvement lancé sur internet avec l’hashtag #PlusJamaisInvisibles.

Il a même enjoint la jeune génération à se battre contre toutes les « formules ‘’anti-âge’’ » que les magazines beauté et live-style, jusqu’aux marques de cosmétiques, entretiennent avec cynisme.

« Le mot ‘’anti-âge’’ est une aberration, car il entretient une pression délirante qui crée des dégâts » rappelle le chercheur en psycho-gérontologie Jérôme Pelissier. Et l’actuelle réforme de retraite, contre laquelle une partie de la jeunesse française se lève, n’est pas sans attiser les débats les plus houleux et anthropologiques sur la longévité de nos aînés, la révolution du travail ou pis, le « péril vieux » que d’aucuns agitent face à une obsolescence programmée de l’humain et un soi-disant retour inéluctable du conservatisme dans nos sociétés incarné par cette majorité, loin d’être silencieuse.  

Et c’est justement contre cette pseudo « date de péremption imaginaire », ces discriminations persistantes et ces clichés, qui contribuent à aggraver le clivage entre jeunes et vieux, que notre collectif militant se positionne ! Pace au témoignage sans paternalisme ni condescendance, à la sagesse, aux conseils dénués d’amertume ou de phrases assassines du genre « c’était mieux avant ! ». La rencontre entre ces moins de 25 ans et plus de 65 ans crée des surprises et fait dire à Rose : « C’est idiot de dire que les personnes âgées ne pensent pas à l’avenir ! Ils sont soucieux du climat et de notre sort ! » 

« Au cours des séances préparatoires, l’objectif du podcast s’est éclairci à mesure que nos jeunes échangeaient autour de leurs parents, grands-parents ou des grandes figures communautaires qui peuplent leur imaginaire ou s’inscrivent dans l’histoire de leur propre mouvement : Edmond Elalouf, Jo Toledano, Josiane Sberro… », commente Julien Cohen-Solal.

À l’instar de Galith, cheffe de camp des EEIF, qui rêvait de rencontrer Raphy Bensimon, 92 ans. Cette figure est celle du bâtisseur par excellence : EEIF du Maroc, engagé au FSJU pendant des décennies, ayant brigué moult fonctions au sein de l’OFAC, l’institut de formation des animateurs et directeurs de centres de vacances, des CCVL, organisme de séjours créé par le FSJU, représentant de la Sacta-Rachi en France, et observateur privilégié de ces trajectoires sociologiques de la Communauté juive de France.

Mais, pour ce premier épisode, malgré le respect qu’il impose, pas question pour Galith d’être trop révérencieuse et intimidée par le nonagénaire qui l’a accueillie chez lui avec simplicité et modestie, comme il recevrait sa petite-fille. Disert sur son parcours hors norme, Raphy Bensimon a parlé de son passé, certes, mais en n’ayant de cesse pourtant de le mêler au présent et au futur.

À l’écoute de sa voix blanche et pénétrante, sa perception optimiste du militantisme, la confiance qu’il décèle chez la jeune génération dont Galith est la pétillante ambassadrice, l’acuité de son regard sur la nécessite de ré-concilier les générations font l’effet d’un baume. « Certaines de ses phrases, comme les aphorismes puissants de sa pensée visionnaire, vont me marquer à vie et inspirer mes actions », confie la jeune rédactrice en cheffe de cet épisode inaugural qui donne le ton à la série tout entière.  

Pour le deuxième épisode, Rose, quant à elle, fut plus intimidée par la verve de Jacqueline London, 80 ans, au destin incroyable, femme scientifique à qui l’on doit la « Journée Mondiale de la trisomie 21 », chaque 21 mars de l’année, et un engagement que le podcast fait découvrir sous bien des facettes dans des accents intimes et visionnaires.

Petite fabrique journalistique

Toute la réalisation du podcast est organisée dans les codes d’une résidence artistique. À savoir qu’un lieu, des moyens financiers et techniques, et humains (en l’occurrence nos journalistes expertes, Élisa Azogui-Burlac et Myriam Levain, sont proposés pour effectuer le travail de création, sans qu’il n’y ait d’obligation de résultat. « Pas de pression pour nos jeunes ; la production du podcast est certes souhaitée pour qu’ils soient fiers du rendu, mais pas d’objectifs d’audience si ce n’est le plaisir à y prendre de se former à la confection de cet objet sonore particulier », commentent de concert Élisa et Myriam, toutes deux grandes pédagogues qui assistent la promo sur toute la chaîne de production du podcast.

Choix des personnes âgées à rencontrer, brainstorming, atelier d’écriture pour faire émerger le script de l’interview, son plan, sa structure, ses fait saillants, média training au micro, rudiments techniques de la captation, du montage, de l’intégration des voix de narration, musiques, et du générique …jusqu’au référencement du podcast sur les différentes plateformes et sa médiatisation … : tout est passé en revue dans cette petite fabrique de contenus qui  « à n’en pas douter, va susciter des vocations », affirme Julien Cohen-Solal.

Le référent du projet au sein de l’Action Jeunesse confie prendre un plaisir fou à guider cette équipe au « studio B » de RCJ pour la phase de post-production. Ce studio, adjacent du grand plateau « Dorothy Benichou-Katz », inauguré le 21 mars dernier, permet aux jeunes pigistes d’enregistrer en parfaite autonomie leurs épisodes.

Dans la cabine, devant les micros Pro Tools et le pupitre, pourtant simplifié face à la régie principale du grand studio, qui ressemble aux yeux d’Eyal à une console de cockpit d’avion, la timidité des débuts d’apprentissage fait place peu à peu à la maîtrise, puis au plaisir de « cuisiner sa partition », commente Léo qui se rêve en technicien du son, sa passion.

« Ce deuxième studio, créé grâce à la générosité de notre bienfaitrice DBK, laquelle met la transmission par-dessus tout, a justement été pensé pour les jeunes de NOÉ et des mouvements de jeunesse ! Ils vont pouvoir apprendre grâce au FSJU et à RCJ, sous la guidance de journalistes aguerris, à prendre la parole sur le monde et faire entendre leur voix. Je suis très fière de diffuser ce podcast sur RCJ, et j’en espère de nouveaux de cette trempe et qualité ! », témoigne Sandrine Sebbane, directrice d’antenne, face au groupe réuni pour le lancement tant attendu du projet. À bon entendeur !